Environnement : le compte n’y est pas

Le mot «environnement» fait désormais largement partie de notre vocabulaire. On le retrouve à toutes les sauces et c’est bien normal car ce terme anodin revêt de nombreuses dimensions. Temporelle quand on parle de demi-vie de polluants dans le milieu ou des générations futures, spatiale quand on évoque les contaminations locales ou les transferts intercontinentaux, mais aussi écologique avec la biodiversité et la cohabitation homme/biosphère sans oublier l’aspect sanitaire puisqu’il n’y a pas de santé sans présence de la nature et plus encore d’un environnement sain. Bref, la préoccupation tant des institutions que de la sphère publique est légitime et impérieuse.

Le souhait d’une prise en compte environnementale plus sérieuse sur le territoire communal a été un des fers de lance affichés par la minorité de Servon dès la campagne électorale. En effet, les directions prises par les équipes municipales passées négligeaient cet aspect dans leur gestion. Les premières réelles actions en faveur de l’environnement ont été impulsées sous l’égide d’orientations nationales qui ont rendu obligatoire la mise en place de Plans Climat Air Energie Territoriaux* (PCAET) au niveau des intercommunalités. C’est ainsi qu’en mars 2020, de nombreuses actions ont été initiées sur le territoire du Pays de Châteaugiron Communauté, accompagnées d’indicateurs de suivi afin de mesurer l’atteinte des objectifs chiffrés. Par exemple, une réduction de 8.8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) et une baisse de 12 % de la consommation énergétique à l’horizon 2030 ainsi qu’un accroissement de 50.8 % de la production d’énergies renouvelables. A noter que ces objectifs ont été jugés plutôt timides par les services préfectoraux.

Sur la commune, quelques actions en faveur de l’environnement ont été récemment menées : renaturation du ruisseau de la Loirie (reméandrage et plantations), éco pâturage avec installation de moutons sur plusieurs sites en zone urbaine, verger partagé, adhésion à Villes et Villages Fleuris (incluant une gestion optimisée des végétaux et un projet de charte de l’arbre) par exemple. Nous saluons ces inflexions que nous espérions depuis le début du mandat si tant est qu’elles rejoignent nos valeurs et sont au bénéfice de la population.

Cependant, nous partions de loin. Si nous sommes heureux que la majorité ait enfin eu cette «révélation» pro environnementale, n’oublions pas les mésactions récentes comme la suppression d’une zone verte et arborée derrière Ty Skol, qui aurait pu donner un espace de respiration aux enfants y résidant et étant désormais coincés entre rue et nouvelles constructions. De même, l’abattage sans vergogne de 3 grands arbres près d’Ar Miltamm, qui auraient pu servir d’îlot de fraicheur aux usagers de la médiathèque. Nous le regrettons amèrement aujourd’hui au regard de la végétation extrêmement réduite du site.

Mais plus encore, ce qui est éminemment souhaitable pour les habitants de Servon, c’est l’arrêt de l’artificialisation des sols. En effet, cela s’accentue à un rythme galopant avec plus de 10 nouveaux hectares d’urbanisation prévus à Vallon 2 et par les 27 ha du projet de Parc d’Activités de Portes de Bretagne** (PAPB2). Le respect de l’environnement passe d’abord par le maintien des terres agricoles et naturelles. Celles-ci sont la condition d’une résilience de nos territoires, pour l’adaptation aux changements climatiques, pour une gestion durable des ressources (eau par exemple), pour une alimentation de qualité et de proximité, etc. La mise en place de quelques mesures cosmétiques ne saurait masquer et compenser l’artificialisation et les détériorations environnementales en marche.

(*) : PCAET – Plan climat énergie territorial du Pays de Châteaugiron Communauté à l’adresse suivante : https://www.communaute.paysdechateaugiron.bzh/pcaet

(**) : Note de synthèse sur le site du collectif à l’adresse suivante : https://www.collectif-citoyens-servon.fr/papb2-les-raisons-de-lopposition/

 

Article tiré du n°2 de « L’écho du collectif », à retrouver ici