Extension du parc d’activité des Portes de Bretagne : le dossier fantôme

Le projet de Parc d’Activité des Portes de Bretagne 2 (PAPB2) veut étendre ce parc existant sur 27 ha à Olivet à Servon sur Vilaine. Il vise à répondre à une demande importante d’implantation du monde industriel et donc accroître l’activité industrielle locale. Le projet porté par le Pays de Châteaugiron Communauté (PCC) a été initié en 2016. La vente des zones agricoles est intervenue fin 2019 et en mars 2020, les études de zone d’aménagement concerté (ZAC) ont été lancées et les acquisitions foncières poursuivies depuis.

Ce projet constitue un bel exemple d’aménagement ayant des répercussions notables dans une commune de taille moyenne et rurale comme la nôtre. Sur l’environnement par exemple, mais aussi sur l’esthétique de certains quartiers et aura également des répercussions sur la circulation, voire sur l’adéquation entre les besoins des habitants et la disponibilité des services publics.

C’est la vie de tous les jours des habitants qui peut ainsi être impactée, cela de manière irréversible, incluant potentiellement de fortes nuisances.

Au vu de l’envergure de ce projet d’aménagement et des conséquences prévisibles, nous minorité au Conseil municipal, avons procédé à une analyse fine de ses avantages et inconvénients (*).  Ainsi sans conteste, il en résultera une activité économique supplémentaire, des emplois et des rentrées fiscales. Cependant, si cela se cale sur le modèle des industries actuelles présentes à  Olivet, le recrutement sera difficile et les salaires bas. Une impossibilité en résultera pour beaucoup d’employés d’habiter Servon, cela pour des raisons de pouvoir d’achat.

Concernant l’environnement, une augmentation conséquente des consommations d’énergie est inévitable et ce ne sont pas les quelques kW produits sur site qui compenseront. De même, d’importantes quantités de gaz à effet de serre (GES) seront émises. Sur ces deux points, ce projet entre en contradiction totale avec les impératifs de sobriété énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique voulus nationalement et concrétisés localement par les objectifs chiffrés de réduction sur notre communauté de communes  via son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET **). Ce plan coûteux ne servirait-il qu’à faire joli dans la vitrine sans aucune volonté de la collectivité d’en atteindre les objectifs ? Par ailleurs, le sujet de la consommation d’eau est aussi très préoccupant. Notre territoire dispose de ressources limitées désormais sous tension. Ajouter de nouveaux gros consommateurs d’eau serait irresponsable et engendrerait à brève échéance un risque de pénurie de notre ressource et de possibles restrictions d’eau pour les usagers. Outre l’esthétique discutable de ce type de zone d’activités, celle-ci générerait des flux extravagants de véhicules, notamment de poids lourds, avec leur cortège de nuisances (bruit, poussières, embouteillages, etc.) sans oublier la question de la sécurité routière. Considérant le trafic déjà important que subissent certains riverains, il n’est pas souhaitable d’en rajouter.

Plus encore, l’adéquation du projet avec les évolutions récentes de la législation interroge. En effet, le nouveau dispositif Zéro Artificialisation Net (ZAN), prévu par la loi climat et résilience du 22 août 2021 réduit les capacités d’artificialisation des collectivités à 50 % à l’horizon 2030 et à zéro à l’horizon 2050 sur la base des surfaces artificialisées de 2011 à 2020. Considérant les surfaces urbanisées sur Servon ces dernières années et les projets en cours, artificialiser 27 ha supplémentaires apparait clairement contraire à l’esprit et à la lettre de la loi. D’autres décisions doivent être prises, notamment pour accroître notre capacité à assurer une alimentation de proximité. Pour ce faire, il est donc utile et primordial de préserver nos terres agricoles et notre environnement.

A l’évidence, ce projet pose beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de solutions. Ce dossier est stratégique et éminemment politique. C’est pourquoi, il nous semblait normal qu’un débat soit organisé au conseil municipal. Malheureusement, un refus catégorique nous a été adressé et par là, un mépris du rôle des élus de la minorité et un déni de démocratie.

Face à cela, tant le PCC que la majorité de Servon sont en incapacité d’apporter les réponses à nos questions, légitimes, par exemple sur le type d’entreprises candidates à l’installation et moins encore sur l’estimation des consommations énergétiques ou les émissions de GES. A contrario, hypnotisés par de futures recettes fiscales, ceux-ci avancent dans l’ombre, sans communication ni vers les élus ni vers les habitants. Il nous semble pourtant que chaque usager devrait disposer de l’information sur ce sujet qui à terme, coûtera entre 7 et 10 millions d’Euros,  pris en partie dans son porte-monnaie.

Considérant les conséquences très importantes de ce projet, la faible communication déployée, l’absence de démocratie et la fragilité juridique qu’il met en évidence, nous minorité de Servon, restons mobilisés et vigilants d’autant que nous ne manquons pas d’idées pour des solutions plus respectueuses de l’environnement et en adéquation avec les besoins de la population. Nous sommes      bien entendu à votre disposition pour en débattre.

(*) : Note de synthèse sur le site du collectif à l’adresse suivante : https://www.collectif-citoyens-servon.fr/papb2-les-raisons-de-lopposition

(**) : PCAET – Plan climat énergie territorial. Objectifs du Pays de Châteaugiron = baisse de 12 % de la consommation d’énergie et baisse de 8.8 % des émissions de GES à l’horizon 2030.

Article tiré du n°2 de « L’écho du collectif », à retrouver ici