Nous avons eu l’occasion de le dire et de l’écrire à de nombreuses reprises : en visant 5000 habitants en 2030, Servon construit trop, trop vite.
Mais rappelons que plusieurs aspects entrent en jeu dans une politique de la ville :
• Bien accueillir les nouveaux arrivants
• Dimensionner les constructions en fonction des infrastructures, commerces, transports…
• Veiller à l’harmonisation et l’esthétique des constructions entre-elles, donc, des quartiers
• Prendre en compte les enjeux environnementaux
• Veiller à la mixité sociale pour éviter la « gentrification »* de notre commune (et les prix de l’immobilier qui vont avec).
Lorsque nous disons que Servon construit trop, trop vite, la majorité municipale nous oppose un argument infaillible : « vous ne voulez pas accueillir ». Nous serions donc d’affreux égoïstes qui voudraient rester entre eux. Or nous, nous voulons accueillir autrement.
Plusieurs éléments sur ce point. Tout d’abord il faut savoir que le Plan Local de l’Habitat (PLH) défini au niveau communautaire et voté par les élu·es de Servon va bien au-delà des recommandations du Pays de Rennes mais également des projections démographiques de l’INSEE.
Ainsi, ce ne sont pas 5000 habitants en 2030, mais moins de 4500 qui étaient envisagés par le Pays de Rennes et l’INSEE.
Par ailleurs, l’avis du Pays de Rennes, comme celui du Comité Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (CRHH) étaient assez sévères au moment de la mise en place de ce PLH.
Avis du Pays de Rennes :
« sur la période 2017-2022 (…) le PLH prévoit la production de 323 logements/an, la production minimale affichée étant de 195 logements/an à l’horizon 2030. Compte-tenu des inquiétudes exprimées (…) par les territoires voisins quant à leur propre capacité d’accueil et aux équilibres globaux de développement, de l’impact de ces développements en termes de flux et de déplacements, (…) des précisions sur la justification de ces prévisions devraient être apportées. »
Avis du CRHH :
« Les objectifs de production prévus au projet de PLH devront être explicités dès lors qu’ils sont nettement plus élevés que ceux du SCoT et au-delà de la question du logement, peuvent poser question en termes de capacités d’accueil des territoires et d’impacts en termes d’équipements, de déplacements et d’infrastructures »
Et comme cela ne suffisait pas, la majorité municipale, avec le projet « Champs Marqué », c’est à dire les nouvelles constructions à Clemenceau et en prolongement Nord du Vallon, projette 1350 nouveaux habitants sur une dizaine d’années ! Ces opérations représenteront « 25% de la population communale à 2035 » selon les documents fournis par la commune.
Ainsi, parmi les 18 intercommunalités d’Ille-et-Vilaine, le Pays de Châteaugiron Communauté (PCC) est celle qui a connu la plus forte croissance démographique entre 2014 et 2020, devant Rennes métropole ou la communauté de communes Côte d’Émeraude.
Pour le dire autrement, le Pays de Châteaugiron a construit beaucoup plus que toutes les autres communautés de communes d’Ille-et-Vilaine en contradiction avec les « équilibres globaux » souhaitables sur le territoire du Pays de Rennes.
Par ailleurs, lorsque l’on construit, il faut penser la ville, sa cohérence, sa dynamique, ses services et infrastructures sur le temps long. Des choses ont été réalisées avec une médiathèque plus grande, des aménagements piétons, une halle Tennis à venir. Cependant, en 10 ans Servon a perdu son bureau de poste, une banque, une crêperie, un fleuriste, un coiffeur, une auto-école, un opticien, des médecins pendant que la population augmentait. Servon a aussi manqué l’occasion d’accueillir un caviste et une épicerie fine. Les raisons sont multiples, liées aussi aux modes de vie et de consommation, mais il y a là un décalage total entre l’affichage d’une volonté d’accueillir et ne pas réussir au minimum à conserver les commerces et services de centre bourg.
Nous pouvons aussi parler des transports : tant que les transports en communs, ne permettent pas de gagner du temps de parcours par rapport à la voiture, c’est ce mode de transport qui sera privilégié (et parfois en fonction du lieu de travail ou des horaires, la voiture reste le seul moyen de se déplacer). Combien de nouvelles voitures chaque matin et soir, en plein bourg avec le projet Clemenceau, et empruntant les axes principaux avec Vallon 2 ?
Il y a ensuite l’aspect environnemental qu’on ne peut négliger. Le projet d’extension urbaine va consommer plus de 10 hectares de terres agricoles, en plus de ce qui a déjà été consommé au Gué, et Champagne (Gare Nord également prévu pour être artificialisé sous peu). C’est sans compter sur le projet d’extension de la zone artisanale des portes de Bretagne (voir article PAPB2) sur 27hectares.
Si la densification est une des solutions, l’extension urbaine devrait être limitée, contrairement à ce qui se fait actuellement avec « des grosses maisons sur des petits terrains ».
Servon manque de logements sociaux avec 7,3% en 2020 (INSEE) très loin des 20% à 25% obligatoires si notre commune faisait partie d’une intercommunalité de plus de 50.000 habitants.
Nous aurions pu imaginer pourquoi pas un éco-quartier incluant logements sociaux et logements intermédiaires, lotissement en habitat léger,… Des urbanistes travaillent depuis longtemps sur les sujets de densifications, y compris de densification en extension urbaine, et notamment sur le « sentiment de densité » par le travail sur les espaces extérieurs communs entre autres.
Malgré tout, le projet d’extension Urbaine dit Champs Marqué (ou « Vallon 2 ») a évolué de façon positive, et s’il reste une grande partie de l’emprise au sol dédiée aux constructions libres, nous pensons humblement que nous avons permis par nos différentes interventions de limiter les dégâts, en tous cas à ce stade du projet.
Un autre développement pour Servon est possible !
*processus par lequel la population d’un quartier populaire fait place à une couche sociale plus aisée
