Nous le constatons tous, le système de santé français est significativement altéré. Malaise à l’hôpital, urgences en souffrance, difficulté pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste et même des problèmes grandissants pour trouver un médecin traitant. Cela est la résultante de dizaines d’années de gestion comptable de la santé dans notre pays au travers d’une volonté de baisse drastique des coûts tant en milieu hospitalier qu’en ambulatoire. Dans ce dernier cas, la limitation du numerus clausus a entrainé une carence chronique en médecins généralistes et plus encore en médecins spécialistes. Les déserts médicaux sont en pleine expansion.
Notre commune est aujourd’hui touchée par le phénomène. Après le départ d’un médecin cette année, un autre départ est prévu à brève échéance pour cause de retraite méritée. Plus encore, le dernier médecin ne souhaite pas assumer seul, et on le comprend, cette lourde charge. Ainsi, la SCI du cabinet médical doit être dissoute au 1er octobre prochain laissant notre commune sans aucun médecin pour une population servonnaise de près de 4000 habitants (*). Cela est évidemment intenable et il y a urgence à agir pour procurer l’offre médicale due à chaque usager. A noter que l’indisponibilité médicale a de nombreux impacts : report des consultations vers les urgences, délais d’attente importants, renoncement aux soins. Au niveau individuel, cela se traduit par une perte de chances pour le patient et au niveau global par une dégradation des chiffres de morbidité et de mortalité. Cela est bien sûr inacceptable.
Depuis plusieurs mois, nous avons à plusieurs reprises interpellé la majorité municipale sur ce sujet prégnant. Malheureusement le discours qui nous est tenu a été à chaque fois abscons, technocratique et renvoyant même vers la responsabilité du corps médical et de celle d’institutions comme l’ARS (Agence régionale de santé) pour toute réponse. De son côté, l’ARS avec qui nous nous sommes entretenus renvoie à court terme vers la possibilité de solliciter les médecins des communes voisines et à long terme sur un projet territorial. Mais chacun sait que la plupart des médecins environnants ne prennent plus de patientèle supplémentaire.
Bien entendu, il est indispensable d’avoir une vision à long terme sur ce sujet. De mettre en cohérence l’évolution de la population en nombre et en spécificité pour organiser une offre de soins adaptée et pérenne, cela avec tous les partenaires concernés sur le territoire. Cela n’a pas été mené en temps et en heure et maintenant, le problème est déjà là, alarmant. Face à une majorité municipale sourde à nos alertes, face à l’incapacité de l’autorité de santé à proposer une solution et face à cette urgence vitale, notre inquiétude est forte.
Nous, minorité de Servon sur Vilaine considérons que notre commune dispose de nombreux atouts qui devraient lui conférer une attractivité certaine pour de nouveaux praticiens.
Nous le répétons : il y a urgence à se saisir de cette question sans tergiverser. Nous ne manquons pas d’idées pour infléchir la situation. Nous souhaitons être force de proposition et d’action et espérons que la majorité prendra enfin la mesure de ce problème qui va impacter beaucoup de nos concitoyens dans ce qu’ils ont de plus cher, leur santé.
Un désert médical à Servon ? Non, il n’y a pas de fatalité et une municipalité se doit de mettre tout en œuvre pour offrir une offre médicale décente à sa population.
(*) : En moyenne en France 145 médecins généralistes pour 100 000 habitants (Source DREES 2021).
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